
Titre original: The Impact of Quality Improvement Interventions in Improving Surgical Infections and Mortality in Low and Middle-Income Countries: A Systematic Review and Meta-Analysis
Type: Méta-analyse
Contexte
La morbi-mortalité péri-opératoire reste élevée dans les pays à revenu faible ou intermédiaire par rapport au pays à revenu élevé[1]. En effet, en 2015 la Lancet Commission on Global Surgery a montré une disparité significative des résultats chirurgicaux entres les pays à revenu faible ou intermédiaire et les pays à revenu élevé[2]. Par exemple, le taux de mortalité est 3 fois supérieur chez l’adulte et 7 fois supérieur chez les enfants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire[3].
L'amélioration des résultats périopératoires passe essentiellement par la mise en place d’initiatives d’amélioration de la qualité. Cependant, la plupart de ces initiatives ont été faites dans les pays à haut revenu, et peu de résultats sont disponibles dans les pays à revenu faible ou intermédiaire[4].
Jin al. viennent de publier une méta-analyse évaluant l'impact des ces initiatives sur l'amélioration des résultats chirurgicaux dans ces pays[1].
Objectif
L’objectif principal de cet article a été d’évaluer l’impact des initiatives qualité sur les taux de mortalité et d’infections péri-opératoires dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
Méthodologie
Les auteurs ont fait une recherche bibliographique sur les bases de données Medline, CINAHL, SCOPUS, CENTRAL et EMBASE entre février 2020 et août 2020. Pour être éligibles à inclure dans la méta-analyse, les études devaient être :
- Publiées en anglais.
- Réalisées dans les pays répondant à la classification mondiale basée sur les revenus de la banque mondiale.
- Et évaluer les processus d'amélioration de la qualité et leur impact sur la mortalité, les infections nosocomiales ou les infections du site opératoire.
Résultats
Sur 38 273 articles analysés, 33 répondaient aux critères d'inclusion dans l'étude qualitative et 27 dans l’étude quantitative .
L’impact de la checklist OMS sur le taux de mortalité
Neuf études ont étudié l'impact de la checklist OMS pour une chirurgie safe sur le taux de mortalité. L’application de la checklist OMS a été associée à une réduction significative du taux de mortalité de 32% (intervalle de confiance entre 0,47-0,97).
L'impact de la checklist OMS sur le taux d’infections
Neuf études ont étudié l'impact de la checklist OMS sur le taux de l’infection. Elle a été associée à une réduction significative du taux de mortalité de 50% (intervalle de confiance entre 0,36-0,69).
L’impact des interventions d'hygiène des mains sur le taux d'infections
Quatre études ont étudié l'impact de l'hygiène des mains sur le taux d'infections, essentiellement l’utilisation des solutions hydro-alcooliques. Il y a eu une réduction non statistiquement significative des taux d'infections dans les contextes ayant appliqué les mesures d'hygiène des mains par 31% (intervalle de confiance de 0,46-1,05).
L’impact de la gestion des antibiotiques sur le taux d'infections
Cinq études ont étudié l'impact de la gestion des antibiotiques sur le taux d'infections. Dans ces études, l’optimisation de l’utilisation de l’antibioprophylaxie a été faite par la mise en place de protocoles pour une utilisation rationnelle des antibiotiques en péri-opératoire, selon les meilleures pratiques. Ces initiatives ont été associées à une réduction significative du taux d’infections de 30% (intervalle de confiance entre 0,48-0,93).
L’impact de mesures regroupées sur le taux d’infections
Huit études ont étudié l'impact de l’implémentation d’un ensemble de mesures visant la réduction du taux d'infections. Ces études ont utilisé en combiné des mesures telles que la promotion de l’hygiène des mains, l’utilisation rationnelle des antibiotiques ou la formation du personnel. Ces initiatives ont été associées à une réduction significative de 69% du taux d’infections de 69% (intervalle de confiance entre 0,26 à 0,59).
Commentaires
Cette méta-analyse a mis en évidence que des initiatives d'amélioration de la qualité incluant des mesures simples telles que l’utilisation de la checklist OMS, la promotion de l’hygiène des mains ou l’utilisation rationnelle des antibiotiques permettraient une réduction significative des complications postopératoires dans les pays à revenus faible ou intermédiaire, comme cela a été le cas dans les pays développés.
Les principales limites de ce travail sont l'hétérogénéité considérable des résultats entre les études incluses dans la méta-analyse. Les études ont été menées dans des environnements très différents et l'effet des interventions variait selon le contexte.
Néanmoins, ces résultats sont encourageants car ces initiatives sont peu coûteuses, et peuvent être facilement implémentées dans tous les pays. Malheureusement, elles ne sont pas courantes dans les pays à faible revenu et un effort de formation et de sensibilisation est nécessaire. En se basant sur ces résultats, des recommandations de bonnes pratiques pourraient être développées dans ce sens.
Références
[1] Jin J, Akau Ola S, Yip C-H, Nthumba P, Ameh EA, de Jonge S, et al. The Impact of Quality Improvement Interventions in Improving Surgical Infections and Mortality in Low and Middle-Income Countries: A Systematic Review and Meta-Analysis. World J Surg 2021. https://doi.org/10.1007/s00268-021-06208-y.
[2] Meara JG, Greenberg SLM. The Lancet Commission on Global Surgery Global surgery 2030: Evidence and solutions for achieving health, welfare and economic development. Surgery 2015;157:834–5.
[3] Delisle M, Pradarelli JC, Panda N, Koritsanszky L, Sonnay Y, Lipsitz S, et al. Variation in global uptake of the Surgical Safety Checklist. Br J Surg 2020;107:e151–60.
[4] Santhirapala V, Peden CJ, Meara JG, Biccard BM, Gelb AW, Johnson WD, et al. Towards high-quality peri-operative care: a global perspective. Anaesthesia 2020;75 Suppl 1:e18–27.