Titre original: A global systematic review and meta-analysis on laparoscopic vs open right hemicolectomy with complete mesocolic excision

Type: Méta-analyse.

Contexte

La chirurgie est le pilier du traitement curatif des adénocarcinomes du côlon. La résection chirurgicale comporte l’ablation du côlon, avec une bonne marge de sécurité, et un curage ganglionnaire devant emporter au moins 12 ganglions[1,2].

Pour les cancers du côlon droit, Hohenberger et al. à proposé d’élargir le curage ganglionnaire en introduisant en 2009 le concept d'exérèse totale du mésocolon[3]. Bien qu’elle ne soit pas encore considérée comme un standard, cette technique a gagné en popularité dans la communauté chirurgicale, surtout par laparoscopie.

Anania et al. viennent de publier une méta-analyse comparant l'exérèse totale du mésocolon par laparoscopie  ou par laparotomie parue dans l'International Journal of Colorectal Disease en 2021[1,2].

Méthodologie

Les auteurs ont effectué une revue systématique de la littérature, arrêtée le 20 mars 2020, conformément aux directives PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses), dans les bases de données suivantes : Medline/PubMed, Scopus, Web of Science (WOS), China National Knowledge Infrastructure (CNKI, 中国知网), Wanfang Data (万方)) et Google Scholar. Les études qui ont comparé la voie laparoscopique ou ouverte avec une exérèse complète du mésocolon  étaient admissibles à l'inclusion. Les essais contrôlés randomisés  et les études contrôlées (études de cohorte prospectives et rétrospectives) ont été incluses. Les articles de type cas cliniques de cas ont été exclus.

Le critère de jugement principal a été la comparaison du nombre total de ganglions lymphatiques prélevés. Comme critères secondaires, les auteurs ont analysé les récidives locales et systémiques à 3 et 5 ans, la durée de l'opération, la mortalité postopératoire à 30 jours, les complications postopératoires globales à 30 jours, les pertes de sang estimées, le taux de fuites anastomotiques, le taux de fuites  chyleuses, la durée d'hospitalisation postopératoire, l'iléus postopératoire, les infections de la plaie, les infections pulmonaires et les récidives locales et systémiques à 3 et 5 ans.

Résultats

Sur 2055 articles analysés, 21 répondaient aux critères d'inclusion, publiés entre 2010 et 2020. Il y avait uniquement un seul essai randomisé. Au total, il y avait 5038  patients dans les études.

Nombre de ganglions prélevés

19  études incluant 3879 patients ont rapporté les résultats :

  • Le nombre de ganglions était plus élevé dans le groupe laparoscopie, mais la différence n'était pas statistiquement significative (différence moyenne 0.68, − 0.41–1.76, P = 0.22).
  • Seule l'analyse de l'essai randomisé réalisé en Egypte a montré un avantage significatif en faveur de la laparoscopie (différence moyenne 3.30, 95% CI − 0.20–6.40, P = 0.04).

Résultats secondaires

  • Le groupe laparoscopie était associé à de meilleurs résultats en ce qui concerne la récidive à 3 et 5 ans, le saignement per opératoire, la durée du séjour post opératoire et des infections de paroi.
  • Le groupe de chirurgie ouverte a quant à lui montré de meilleurs résultats concernant la durée opératoire et les complications per opératoires.
  • Il n’avait pas de différence statistiquement significative concernant la mortalité à 30 jours, les fuites anastomotiques, les fuites chyleuses, l’iléus postopératoire et les infections pulmonaires.

Commentaires

Ce travail met en évidence que l'exérèse totale du mésorectum, même si elle est techniquement difficile, reste faisable en laparoscopie avec des résultats à court et long terme non inférieurs à la voie ouverte.

Cette méta analyse  présente plusieurs limites:

  • La large distribution géographique des études (Asie, Europe, Afrique) avec certainement des différences significatives dans les normes chirurgicales des traitements médicaux utilisés, aboutissant à des résultats différents difficiles à évaluer.
  • Il y avait un seul essai randomisé.
  • Un possible biais de sélection des patients des études non randomisées, avec probablement des patients “plus faciles” dans le groupe laparoscopie.

Conclusions

Cette  métastase-analyse n'a pas permis de montrer la supériorité de la laparoscopie en terme de ganglions lymphatiques prélevés, mais a montré un avantage dans les résultats oncologiques à long terme, tout en conservant les avantages habituels d'une approche chirurgicale mini-invasive.

Références

[1] Vogel JD, Eskicioglu C, Weiser MR, Feingold DL, Steele SR. The American Society of Colon and Rectal Surgeons Clinical Practice Guidelines for the Treatment of Colon Cancer. Dis Colon Rectum 2017;60:999–1017.

[2] Anania G, Arezzo A, Davies RJ, Marchetti F, Zhang S, Di Saverio S, et al. A global systematic review and meta-analysis on laparoscopic vs open right hemicolectomy with complete mesocolic excision. Int J Colorectal Dis 2021;36:1609–20.

[3] Hohenberger W, Weber K, Matzel K, Papadopoulos T, Merkel S. Standardized surgery for colonic cancer: complete mesocolic excision and central ligation--technical notes and outcome. Colorectal Dis 2009;11:354–64; discussion 364–5.

Résumé fait par Dr El Hassouni Reda

Chirurgie, Colon, Métaanalyse